Emanation d’une première chaire créée en 2012, renouvelée en 2015 puis en 2018, ayant pour partenaires les sociétés Thales et Sogeti, la chaire poursuit les travaux déjà réalisés en développant ses enseignements et recherches dans une optique pluridisciplinaire, qu’il s’agisse des sciences de l’ingénieur (informatique, électronique, mathématique) ou des sciences humaines et sociales (stratégie, relations internationales, économie, droit, éthique, etc.), avec une dimension résolument internationale.

La Chaire répond aux objectifs suivants :

• Mettre en place un programme de recherche de haut niveau, avec des partenaires publics et privés, civils et militaires, français et étrangers, en particulier d’autres centres de recherche internationaux ;
• Développer des enseignements dans le domaine de la cyberdéfense en formation initiale, pour les élèves officiers en scolarité aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ;
• Fédérer une communauté nationale autour de ces sujets, mais aussi internationale, en développant un réseau de partenariats à travers le monde.

Les missions de combat et le contexte de réalisation des opérations militaires évoluent. Les capacités à opérer en coalitions, à réaliser des missions interarmées en mode collaboratif plutôt qu’en mode coopératif induisent de faire évoluer la manière dont les informations sont échangées. L’objectif prioritaire est de gagner en souplesse dans le partage des données, tout en gardant le niveau de sécurité et de confiance requis et en levant le verrou d’une configuration actuellement statique. La mise en œuvre de nouveaux systèmes de combat agrégeant des capteurs d’ancienne et de nouvelle génération doit permettre de s’affranchir au mieux du mode dominant classique (rouge/noir) afin d’autoriser le partage d’information de sensibilités différentes tout en évitant la nécessité de déclassification des données. Le modèle doit désormais répondre aux enjeux et exigences de sécurité centrés sur le partage collaboratif non planifié et le plus direct possible, la fluidité et la rapidité des échanges à tous les niveaux de flux de données d’origine, de volume et de niveau de sensibilité très variés.

Tirer un réel avantage capacitaire des nouvelles technologies nécessite donc de revisiter les architectures de sécurité et les principes de protection applicables aux systèmes de mission actuels (capteurs, effecteurs, communication, cloud, aide à la décision), avec un fort degré d’automatisation car l’unité combattante n’a ni le temps ni les compétences pour gérer la sécurité au moment de créer des collaborations.

A ce titre et dans le cadre du combat collaboratif, trois axes de recherche sont identifiés, majoritairement centrés sur la donnée :

• Les nouveaux algorithmes cryptographiques qui répondent aux besoins;
• L’évolution des architectures de sécurité visant à intégrer les aspects comportementaux dans la gestion des droits d’accès et le besoin d’en connaître ;
• La prise en compte dynamique d’entités non planifiées dans l’action.

La Chaire développera des recherches et des projets en cohérence avec ces axes. Les travaux seront réalisés de façon privilégiée par des thèses de doctorat ou des post-doctorats.

« Langage et infrastructure d’architecture dynamique orientée données » par Etienne Lemonnier sous la direction de Nicolas Belloir et Jérémy Buisson.

Nicolas Belloir, maître de conférences en informatique a été nommé titulaire de la Chaire.

Ses activités de recherche concernent l’ingénierie des systèmes de systèmes (SoS). Il développe des méthodes d’ingénierie basées sur des modèles afin de mieux prendre en compte, au cours du cycle de développement, les propriétés des systèmes telles que la sécurité (security by design). Plus précisément, il offre une assistance à l’architecte du système en lui permettant de détecter dans ses modèles architecturaux les vulnérabilités humaines et matérielles. Il applique également ces approches à l’ingénierie du champ de bataille en proposant l’utilisation de modèles comme interface pivot pour la rédaction, l’interprétation et l’exécution d’ordres d’opérations dans un contexte où une opération militaire est considérée comme un système de systèmes sociotechniques.